Souvenir et témoignage d'une lectrice: LE DERNIER AUTOGRAPHE C'était... il y a longtemps, cinquante ans ? un peu plus, un peu moins, j'étais alors une ado (on ne dit plus teen-ager) qui tous les ans, le moment venu, se passionnait pour le festival du film.il m'arrivait quelquefois d'avoir une place pour le spectacle de l'après-midi, mais le plus souvent je me contentais d'admirer, perdue dans la foule devant l'ancien Palais, les artistes qui me fascinaient et j'attendais patiemment un autographe. Un beau jour de ce mois de mai, il y avait encore plus de monde que d'habitude, une star blonde et chérie paradait sur un char fleuri.le film allait bientôt commencer mais apparemment personne n'avait l'air d'y songer. J'étais arrivée un peu en retard et, n'ayant pas pu trouver place devant le grand escalier, je me trouvais dans une rue adjacente. Soudain, comme une apparition, je vis Gerard Philipe, les cheveux d'or roux dans le soleil, sa main dans la main de sa femme Anne, tous les deux beaux, souriants, se ressemblant étrangement, mais comment vous l'exprimer, si différents des autres, tellement plus simples et vrais, mon coeur a battu la chamade, j'aurai voulu que cet instant de grâce s'immobilise...Trop vite ils ont passé une petite porte comme n'importe quel couple anonyme. Depuis je n'ai plus demandé d'autographe et, hélas, jamais revu Gérard Philippe, "l'enfant sage et beau" né un jour d'hiver 1922 à Cannes, "Fanfan la tulipe", comédien-tragédien tout de "pureté, violence, retenue", Prince en Avignon dans le Cid avec Jean Vilar, Prince de Hombourg... Noble , pur et si tendre aussi, trop tôt disparu, un triste jour d'automne en 1979. Yzus