02 mai 2012


 MOSAÏQUE DE PROSES CONTEMPORAINES D'ARMENIE
Serge Venturini est lui-même un auteur particulièrement prolifique, mais son goût de la littérature et son amour de l'Arménie le portent à vouloir partager ses coups de cœur avec un public occidental, à vrai dire peu au fait des productions littéraires de ce petit pays caucasien. Il a réuni dans cet ouvrage récent les textes, contes et nouvelles, de dix-huit auteurs contemporains, dont cinq femmes, dans une traduction d'Elisabeth Maroudian et             Pierre Ter-Sarkissian qui a su préserver toute la poésie d'une prose vive.
Chacun peut avoir ses préférences, j'ai été personnellement ému à la lecture de plusieurs de ces textes,  particulièrement celui de Hovhannes Yeranian : « Une journée trompeuse », mais toutes ces histoires ont un point commun, un cadre commun : la guerre. On sent bien que dans ce pays, dans cette région du monde tourmentée, les humains ne peuvent pas dissocier leur quotidien, leurs rêves, leur destin personnel, de l'omniprésence des conflits, de la destruction, de la souffrance, de la mort et de leur corollaire dans la vie sociale, la corruption, la maffia, la loi du plus fort. Oui, c'est une littérature tourmentée, mais finalement optimiste : l' Arménie vit « par la pensée, par la plume, par le faire. »

3 commentaires:

À 10:24 , Blogger U cuccu a dit...

"le porte" au singulier ! et vous ne me dites rien?
Je ne m'en suis rendu compte que ce matin. J'écris toujours trop vite..!

 
À 17:06 , Anonymous Anonyme a dit...

Rien de grave !
Et moi trop lentement... :))))

Sergiacciu

 
À 22:05 , Blogger Ghjanpa a dit...

Sta sera aghju lettu.

L'INCONNAISSABLE



Toi aussi, — tu es l’inconnaissable ? Tu prends ma main. Mais qui peut t’atteindre dans tes montagnes ? La neige, ce matin a recouvert les crêtes des monts chauves. Ces vieux monts pelés, les voilà ombreux, sous les nuages, tout blancs. Avec au-dessus de leur éclatante blancheur, plus haut encore, le bleu du ciel, avec le souffle froid qui balaye la lande désertée. — Cet air vif est un bonheur ! dis-tu. Eh, toi l’étranger, tu marches en terre étrangère, un goût de cendre à la bouche.



— Pourtant, comme ce monde est pour toi si familier. Tu murmures des bribes de vers, tes lèvres chantent No-ra-douz… Tu chemines au hasard entre deux mondes. Les vivants, les morts te côtoient. Tu dialogues en silence avec eux. Ton pied bute sur une pierre. Ton esprit se réveille. Se conjuguent la couleur verte acerbe au brun foncé. Or, tu t’arrêtes et tu contemples cette partie de la croûte terrestre que le soleil vient réchauffer. — Oui, qui te connaît ? Étincelle du cosmos, jetée dans l’espace glacé, tu avances sur tes deux jambes.



Tu t’assieds au pied d’un khatchkar ocreux, au bord du lac venteux où filent les nuages. Les sautes de vent soulèvent tes longs cheveux blanchis. Tu deviens flamme. Un diable tout flamboyant va te dévorer. Ton œil scrute les arêtes du réel qui t’entoure. Tu vis entre veille et sommeil. Jamais tout à fait endormi, toujours trop éveillé. Tu écoutes le temps qui bruisse. Seul le vent cinglant, figeant ton sang, te répond.

— Inconnaissable, toi aussi !

.

SERGE VENTURINI

 

Enregistrer un commentaire

Abonnement Publier les commentaires [Atom]

<< Accueil