Après L’Afrique du sud des années Apartheid, c’est en Argentine que Caryl Férey vient puiser son inspiration. Après « Zulu » je vous invite donc à lire « Mapuche » aux éditions Gallimard, série noire.

Jana est une indienne Mapuche, autant dire une paria, une pestiférée. Dans les années 2000,en pleine crise financière,   chassée de ses terres par la misère, elle débarque à Buenos Aire et s’y prostitue pour survivre.

Ses seuls amis sont des parias comme elle, des travestis , artistes de cabaret, papillons éphémères qui rêvent de reconnaissance et d’amour.

Dix ans plus tard, à 28 ans elle décroche, devient sculptrice, trouve un équilibre fragile quand un de ses amis, Paula, alias Miguel, est retrouvé noyé dans le port tandis qu’un autre craint pour sa vie et l’appelle à l’aide. C’est alors que sa route croise celle de Ruben Calderon, rescapé des prisons et des tortures de la dictature et qui, enlevé en 1976, a vu son père et sa mère assassinés sous ses yeux . Depuis lors il travaille comme détective pour les grand- mères de La Place de Mai qui, depuis trente ans, continuent inlassablement de réclamer des comptes aux anciens bourreaux et cherchent encore leurs époux, leurs enfants et petits enfants disparus. Jana et Ruben, dont les enquêtes se rejoignent, plongent dans le système politique argentin et vont ensemble affronter l’horreur.

Sans manichéisme, en se gardant de donner des leçons de morale Caryl Férey signe là un roman d’une grande puissance évocatrice, rempli d’humanisme et de tendresse pour ses personnages blessés par la vie. Encore un livre qu’on ne referme plus une fois ouvert. M.A.V.