FRED SCAMARONI
(suite...et Fin)
*Illustration: Le sous-marin Casabianca qui assurait la liaison clandestine avec Alger.
Après le débarquement allié en Afrique du Nord, les allemands occuperont la «zone libre» en France continentale et les Italiens envahissent la Corse. 82000 soldats pour 240000 habitants, ils prenaient leurs précautions...! Et avec eux débarque l’O.V.R.A, la terrible police politique italienne, la Gestapo de Mussolini. Les livraisons d’armes deviennent de plus en plus risquées et Londres et Alger (où s’est maintenant installé le Gouvernement provisoire) ont besoin de renseignements précis.
Fred Scamaroni part donc pour sa troisième mission. Il débarque dans la nuit du 6 au 7 Janvier dans le golfe du Valincu avec son radio
Jean Hellier. Scamaroni recrute, son radio envoie 70 messages et par ailleurs il tente d’unifier les mouvements de résistance et de les placer sous l’autorité de
De Gaulle.
Il échouera dans cette partie de sa mission: le mouvement
«Combat» refuse et les communistes du front National sont plus que réticents. Ils sont déjà structurés et souhaitent recevoir des armes pour appeler à l’insurrection populaire, alors que les gaullistes sont surtout focalisés sur le renseignement pour aider un débarquement de troupes alliées. Mais ils confirment leur respect du «pacte de franc-jeu» de loyauté réciproque et de partage équitable des armes et du renseignement.
Scamaroni continue donc son travail de renseignement mais les Italiens veillent.
En Fevrier 1943, ils lancent un premier coup de filet en arrêtant et internant des suspects dont le Sénateur
Paul Giacobbi (grand-père de l’actuel). Le danger se précise pour
Scamaroni et le 17 mars 1943, son radio
Hellier, est arrêté. Torturé durant 30 heures par l’OVRA, il finit par lâcher des informations sur le réseau et le nom de son chef:
Edmond Severi. Ce qui ne lui évitera pas le peloton d’exécution.
On conseille à
Scamaroni de disparaitre, mais il refuse, voulant continuer le travail malgré tout et disant «Hellier ne parlera pas». Peut-être celui-ci, parlant au bout de 30 heures, avait-il pensé que
Scamaroni et les autres membres du réseau avait eu le temps de se mettre à l’abri. Ne l’ayant pas fait,
Severi-Scamaroni est arrêté le 18 mars à 1 heure du matin, il est enfermé à la citadelle d’Ajaccio, avec 18 de ses camarades de combat. Malgré les tortures, coups, brulures au fer rouge, ongles arrachés... il ne parlera pas. A l’officier italien qui lui promet la vie sauve s’il parle, il répond
« Vous ne savez pas ce qu’est l’honneur»
Il sait qu’il va mourir. Il le sait d’autant plus que, pour éviter de craquer lors de prochaines séances de torture, il a décidé de se tuer. Il récupère un morceau de fil de fer de son lit et se coupe la gorge. Avec son sang il écrira sur le mur de sa cellule:
«Vive De Gaulle, Vive la France».
Nommé préfet à titre posthume, élevé au grade de Chevalier de la Légion d’honneur, il sera fait Compagnon de la Libération» par décret du 11 Octobre 1943.
A cette date la Corse était libérée depuis peu.
Sixte Ugolini